Soukkot ou la fête des tentes
eL’automne en Israël, est une période de festivité. Cette année, les fêtes d'automne ont lieu entre le 3 et le 25 octobre. Après le Nouvel An juif (Roch Hachana, le 3.10) et le jour du Grand Pardon (Yom Kippour, le 11.10), vient Soukkot (les 16-24), et ça se termine le 24.10 par la joie de la Torah (Simkhat Torah).
Dans le passé, trois fois par an, tout Israël était censé se rendre à Jérusalem pour la Pâque et Shavuot au printemps, puis pour Soukkot à l'automne. Soukkot signifie « abris », « cabanes » ou « tabernacles ».
Il s'agit d'une fête au cours de laquelle Dieu demande à son peuple de fabriquer un abri temporaire ou une cabane pour y camper pendant une semaine. Mais pourquoi Dieu voulait-il que nous fassions des tentes ?
Dans son génie créatif, qui se manifeste non seulement dans le monde naturel qui nous entoure, mais aussi dans la loi que Dieu lui-même a dictée, nous pouvons voir que Dieu savait à quel point la construction d'un abri tout fragile et précaire serait un symbole fort pour susciter la réflexion.
Les tentes du peuple hébreux dans le désert n'étaient que temporaires - ils voyageaient vers une maison plus permanente, où ils pourraient vivre avec leur Dieu.
D’ailleurs le prophète Zacharie annonçait cet événement (14.16-18) :
Pousse des cris de joie,
réjouis-toi, Sion la belle !
Car je viens et je demeurerai au milieu de toi
– déclaration du Seigneur.
Une multitude de nations s'attachera au Seigneur en ce jour-là
et deviendra mon peuple.
Je demeurerai au milieu de toi,
et ainsi tu sauras que c'est le Seigneur (YHWH) des Armées qui m'a envoyé vers toi.
C’est là une espérance que nous partageons avec nos frères et sœurs juifs.
Depuis la rédaction du Premier Testament, la prescription rabbinique pour fabriquer ces abris de fortune est devenue assez complexe. Mais en substance, l’abris doit y avoir au moins trois murs (faits de bois ou de matériaux légers quelconques) et le toit doit être fait de matériaux naturels comme des feuilles de palmier ou de tiges de roseaux, de sorte que l'on puisse voir durant la nuit, le ciel étoilé à travers les interstices.
Ces abris doivent rappeler au peuple d'Israël le temps où il traversait le désert dans des abris temporaires, se déplaçant au gré des besoins.
Pendant la semaine, les gens sont censés manger dans leur soukkah, et même y dormir s'ils se sentent motivés pour cela ! Les tentes sont généralement décorées avec des fruits et des produits de saison, et c'est une activité familiale amusante que de construire une soukkah et de la décorer ensemble en famille.
Dans cette vidéo, Rotem, une amie juive messianique native d’Israël, avec sa collègue Kayla, nous donne un aperçu de l’atmosphère de fête qui régne ces jours à Jérusalem (commentaires en anglais).
De nos jours, il est possible d'acheter des Soukkot prêtes à être construites, comme des tentes ou des cabanes portables, et des décorations sont disponibles dans les magasins, toutes prêtes, pour ajouter la touche finale.
En fait, c’est un peu comme chez nous pour les sapins de Noël, il y a celui qu’on va couper soi-même dans la forêt et qu’on décore en famille à la maison avec des bougies en cire. Et il y celui qu’on trouve dans les grandes surfaces, en plastique avec des bougie à LED et qu’on déplie comme un parapluie.
Dans les deux cas, c’est le symbole qui compte. La tradition veut que l'on invite des convives chaque soir de la semaine de fête, afin de partager et de profiter ensemble de la soukkah, d'offrir l'hospitalité, l'amitié et de raconter des histoires. C'est l'occasion de célébrer les fruits de la récolte et de se réjouir, en remerciant Dieu pour tout ce qu'il nous a donné, et de lui rendre la pareille en retour.
Le Seigneur donne des instructions sur cette fête à trois reprises, dans Lévitique 23, Nombres 29 et Deutéronome 16. Deutéronome 16.13-17 dit :
Tu célébreras la fête des Huttes pendant sept jours, quand tu recueilleras le produit de ton aire et de ton pressoir. Tu te réjouiras lors de cette fête, toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, ainsi que le lévite, l'immigré, l'orphelin et la veuve qui sont dans tes villes. Tu célébreras la fête pendant sept jours pour le Seigneur, ton Dieu, au lieu que le Seigneur choisira ; car le Seigneur, ton Dieu, te bénira dans toutes tes récoltes et dans tout le travail de tes mains, et tu te livreras à une joie sans réserve.
Trois fois par an, toute ta population mâle devra paraître devant le Seigneur, ton Dieu, au lieu qu'il choisira : à la fête des Pains sans levain, à la fête des Semaines et à la fête des Huttes. On ne paraîtra pas devant le Seigneur les mains vides. Chacun donnera ce qu'il pourra, selon la bénédiction que le Seigneur, ton Dieu, lui aura accordée.
Et comme chez les chrétiens, la fête religieuse qui marque le plus nos souvenirs d’enfances, c’est Noël, je crois bien que pour les juifs, c’est Soukkot qui a ce même effet. On mange dans la soukkah, on dort dans la soukkah, on accueille ses amis dans la soukkah.
Pourquoi parler de Soukkot maintenant ? D’une part parce je crois que l’évocation des fêtes juive est l'occasion pour nous chrétiens de reprendre conscience que nous avons été greffés en Jésus Christ sur cette Alliance unique, jamais révoquée et toujours nouvelle, même si par ces temps troublés, nous avons peut-être de la peine à faire sens de toutes ces nouvelles de la guerre d’Israël avec ses voisins.
Cette première raison nous incite à persévérer dans la prière pour la paix, la libération des otages et la guérison des profondes blessures infligées aux populations civiles à Gaza et au Liban.
Et la seconde raison, c’est à cause de la valeur symbolique de cette célébration de la soukkah, de la tente. Il s’agit évidemment d’une fête de la joie, mais ces abris fragiles nous rappellent que dans un monde moderne où tant de choses nous donne une impression de sécurité - des maisons solides, des voitures intelligentes, avec airbags et ceinture de sécurité, des alarmes de maison, des serrures incassables – nous oublions trop facilement que nous restons infiniment vulnérables et que toutes ces sécurités peuvent se volatiliser en un instant.
Entrer dans la soukkah, c’est reconnaitre notre vulnérabilité et notre dépendance de Dieu. Entrer dans la soukkah, c’est une question de confiance, c’est être confiants que Dieu nous protégera dans son abri. C'est ainsi que nous apportons la gloire de Dieu sur parmi les hommes, en nous confiant à Lui et en partageant notre foi et notre confiance avec les autres.