Reconstruire ou se convertir?
La ville était étendue et grande, mais sa population n’était pas nombreuse et ses maisons pas encore reconstruites. (Néhémie 7, 4)
Néhémie a été envoyé par l’empereur Artaxerxès (465-424 av. J.-C.) à Jérusalem pour relever les murailles de la cité. La reconstruction avait commencé avec le temple suite à un édit de Cyrus, travaux achevés sous le règne de Darius. Elle s’était poursuivie avec celle de l’enceinte fortifiée. Ainsi plus de cent ans après la chute de Jérusalem (586 av. J.-C.), Néhémie parle d’une ville certes étendue et grande mais dont la population était peu nombreuse et ses maisons pas encore reconstruites.
Car même s’il y a un temps pour démolir et un temps pour construire… un temps de guerre et un temps de paix[1], il faut beaucoup de temps pour panser les plaies, rebâtir et repeupler une ville dévastée et détruite.
Est-ce une fatalité ? Doit-il forcément en être ainsi ? Sans doute pas. D’ailleurs la conclusion de l’Ecclésiaste laisse entendre que les humains auraient mieux à faire : Il n’y a rien de mieux pour les humains que d’éprouver de la joie et de bien vivre.[2] Mais comment se fait-il alors qu’ils cèdent encore aujourd’hui à la folie d’un tyran et à la guerre « déclenchée par des causes stupides » ?
« J'étais convaincu que la guerre ne reviendrait jamais en Europe. Pour moi, c'était impensable! Et là, ce que je vois me terrorise parce que je vois apparaître les mêmes images, les mêmes mots, les mêmes problèmes qu'il y a 80 ans, comme si l'expérience ne nous servait à rien... » Ces propos de Boris Cyrulnik, hier soir à la télévision[3], mettent en lumière l’incapacité des peuples à penser par eux-mêmes et à résister à l’attrait de faux-christ, de faux-sauveur aux « discours délirants. »
Et si plutôt que de devoir sans cesse reconstruire sur des ruines, les humains apprenaient à se décentrer d’eux-mêmes comme Jésus l’a enseigné pour enfin reconnaître l’autre comme un être humain ?
[1] Ecclésiaste 3, 3b
[2] Ecclésiaste 3, 8b
[3] RTS Info, Le 19h30 du 27.03.2022
