Coeur brisé
« …il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé... » (Esaïe 61, 1b)
Je suis né dans un joli petit pays de montagnes, neutre, propre en ordre, formé de gens bien sous tout rapport. C’est du moins ainsi qu’il m’apparaissait… Depuis j’ai un peu grandi, mûri, je crois. Les expériences de la vie, l’ouverture au monde et les situations nouvelles ont avantageusement modifié ce point de vue. Aujourd’hui, je sais que l’image idyllique que j’ai pu me faire de ma « maison suisse » est un leurre. Continuer d’y croire ou vouloir la conserver serait un biais cognitif.
Je suis particulièrement écœuré lorsque mon « joli petit pays » cherche à vendre son image chimérique au monde du cinéma internationale. Cette opération marketing visant à faire fonctionner « la machine à fric » du tourisme et plus généralement une économie capitaliste basée sur le profit à court terme d’une minorité m’inspire un profond dégoût...
Cet Avent 2023, je désire le vivre bien loin de toutes les chimères d’une société de consommation qui abrutit les consciences. J’aimerais plutôt hâter la venue de celui que le prophète Esaïe annonçait déjà il y a longtemps et qui est venu montrer la Voie. Celle-ci est autrement plus joyeuse que ce grand bazar de l’illusion !
La voie de Jésus consiste à : annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux déportés la liberté et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce, remplacer les marques de tristesse par autant de marques de joie, reconstruire sur d’anciennes ruines, relever les décombres du passé, restaurer les villes dévastées…
Je ne vais donc pas détourner le regard devant les déluges de bombes à Gaza et ailleurs, le drame de la migration, le désastre de la famine et de la pauvreté, la destruction de la biodiversité et des habitats naturels, les cataclysmes liés au changement climatique, les drames ou les besoins de mon prochain, pour m’échapper dans le décor féérique des célèbres « bulles à neige suisse » !