Entre le lion et le miel
Il y avait un essaim d’abeilles dans le corps du lion, avec du miel. (Juges 14, 8b)
Les colonies d’abeilles méritent vraiment qu’on y prête attention. Leur organisation et leur sens de la solidarité sont exemplaires. Chacune d’elles travaille pour l’ensemble. Elles ne ménagent pas leurs efforts pour la sauvegarde de la ruche et de leur reine, source de fécondité. Sans le savoir, elles mettent en œuvre les paroles de la Chanson des Restos[1] : « Aujourd'hui, on n'a plus le droit ni d'avoir faim, ni d'avoir froid. Dépassé le chacun pour soi, quand je pense à toi, je pense à moi. »
La société humaine a de tout temps eu beaucoup de peine à dépasser le stade des beaux slogans et des bonnes intentions. Le chacun pour soi ou le moi d’abord reprend facilement le dessus.
L’histoire de Samson à l’époque des Juges en Israël est tumultueuse et singulière. Ce personnage oscille entre la force du lion et la douceur du miel, entre bravoure guerrière et complaisance amoureuse. Pourtant, la vocation du nazir Samson était de « commencer à sauver Israël de la main des Philistins[2]. » Sa mission était donc la délivrance d’un peuple. Malheureusement, ses propres penchants, ses désirs et sa sensualité ont représenté pour lui un piège fatal.
Entre le lion et le miel, entre la démonstration de force solitaire et l’objectif du bien-être de sa communauté, Samson cèdera trop facilement à ses propres passions. Lui, qui dès avant sa naissance portait la promesse d’une fécondité et d’une vie abondante[3], se trouve prisonnier de ses inclinations hédonistes.
Jésus le Christ est l’antihéros par excellence. Par contre, il est le sauveur véritable et le libérateur de son peuple. Car à défaut de mourir en héros, il meurt pour donner la vie au monde. La vraie fécondité se trouve là.
[1] La Chanson des Restos est une chanson caritative française écrite et composée par J.-J. Goldman en 1986, à l'initiative de Coluche qui cherchait un financement et un slogan pour lancer son association des « Restos du cœur. »
[2] Juges 13, 5b
[3] Juges 13, 3-5