Fraternité

Abram déplaça son camp et vint s’installer aux chênes de Mamré, près d’Hébron ; il y construisit un autel pour le Seigneur. (Genèse 13, 18)

Le nombre de déplacés dans le monde ne cesse d’augmenter. Selon le HCR[1], ce nombre a doublé en dix ans pour atteindre 82,4 millions de personnes déplacés à l’intérieur ou à l’extérieur de leur pays. Filippo Grandi, chef du HCR, appelle dans son dernier rapport à « une volonté politique bien plus forte pour régler les conflits et éviter les persécutions qui forcent les personnes à fuir leur foyer. »

Dans l’histoire d’Abram et Lot[2], nous lisons également qu’un conflit oppose les bergers des troupeaux de l’un avec ceux de l’autre. Plutôt que de laisser la situation s’envenimer, Abram, l’ami de Dieu, a la sagesse de parler à Lot : « Il ne doit pas y avoir de dispute entre nous, ni entre nos bergers, car nous sommes de la même famille. Tu as tout le pays devant toi. Séparons-nous : si tu vas vers le nord, j'irai vers le sud ; et si tu vas vers le sud, j'irai vers le nord. »

Abram désamorce le conflit non pas en cherchant les coupables ou en prenant la défense de ses propres bergers mais en proposant une séparation. Pour lui l’intérêt supérieur est la fraternité. Pour demeurer frère, il est prêt à laisser l’avantage du choix territorial à son neveu. L’ancien accepte d’autonomiser le plus jeune, le laissant choisir l’espace où il pourra se développer. L’ancien s’efface pour que l’autre trouve sa place et grandisse.[3]

En installant son camp aux chênes de Mamré, près d’Hébron, Abram choisit de protéger la relation et la communion au détriment de ses propres intérêts. Il préfère s’installer du côté d’Hébron, nom dont la racine hébraïque exprime justement les notions de lien et d’amitié.

Dans mes relations, où devrais-je déplacer mon campement pour m’installer sous le chêne de la fraternité ?

[1] Haut-Commissariat des Nations Unies (ONU) pour les réfugiés            

[2] Genèse 13

[3] Sœur Marie Monnet