Grandeur et décadence

Sur les grandes eaux, les céréales du Shihor, la moisson du Nil, faisaient ses revenus ; elle était le marché des nations. (Esaïe 23, 3)

Ces dernières années, notre pays a connu des années de « vaches grasses » en matière de récolte de céréales panifiables. Selon un rapport de l’OFAG[1], 2019 a été la troisième année consécutive avec une production excellente en quantité et en qualité. Autre année, autre réalité, 2021 pourrait bien correspondre aux « vaches maigres ». On peut affirmer sans risque de se tromper que cette année la moisson sera moindre.

Dans l’Antiquité, Tyr était la principale ville des Phéniciens. Elle était célèbre pour son industrie et ses richesses. Le commerce était aux mains des Phéniciens car ils étaient d’habiles navigateurs. Ils marchandaient dans tout le bassin méditerranéen, du nord de l’Afrique jusqu’en Espagne. Tyr « était le marché des nations » selon Esaïe. L’Égypte, qui devait sa fertilité au Nil, était le grenier du monde. Des alliances avec ces deux voisins d’Israël semblaient une excellente affaire. Toutefois, les sentences du prophète rappellent que ces puissances commerciales sont passagères. L’abondance et les revenus colossaux ne durent pas. « En ces jours-là, Tyr tombera dans l’oubli soixante-dix ans »[2] prévient Esaïe.

Grandeur et décadence caractérisent encore le monde actuel. L’inconstance et l’imprévisibilité des marchés, de la production, des revenus et des récoltes sautent aux yeux. S’appuyer sur ses richesses, ses ressources et autres alliances commerciales ne suffit pas.

Le retournement annoncé à la fin du chapitre mérite réflexion : « …le Seigneur interviendra à Tyr… son gain et son salaire impur seront consacrés au Seigneur ; ils ne seront ni entassés ni conservés : son grain sera pour ceux qui habitent devant le Seigneur une nourriture qui rassasie… »[3]

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur »[4] disait Jésus.

[1] Office fédéral de l’agriculture

[2] Esaïe 23, 15

[3] V. 17-18

[4] Matthieu 6, 21