Les uns avec les autres
Le SEIGNEUR, votre Dieu, a asséché devant vous les eaux du Jourdain jusqu’à ce que vous ayez passé, comme le SEIGNEUR, votre Dieu, l’avait fait pour la mer des Joncs qu’il assécha devant nous jusqu’à ce que nous ayons passé. (Josué 4, 23)
Le nombre d’habitants de la planète frappés par des catastrophes naturelles et autres phénomènes climatiques extrêmes est en augmentation. Dégâts matériels pour les uns, exodes forcés ou pertes de vies humaines pour les autres, la « facture » s’alourdit d’année en année. Les bouleversements en cours sont-ils réversibles ? Pouvons-nous influer sur le réchauffement climatique et jusqu’à quel point ? Il semble évident que l’humanité a urgemment besoin de s’affranchir de conception, de valeurs et de comportements égoïstes et destructeurs. En effet, « le monde comme il est façonné aujourd’hui[1] » n’est pas durable.
Dans l’histoire du peuple témoin d’une promesse, deux évènements clés jalonnent son parcours de libération. La traversée du Jourdain et celle de la mer Rouge. Entre les deux, une errance de quarante ans dans le désert. Sortir de la servilité de l’Égypte, devenir un peuple nouveau animé par une promesse et avoir foi en un Dieu fidèle ne va pas de soi. Le constat du livre du Deutéronome alors que le peuple est sur le point de franchir le Jourdain est sans concessions : « En fait, tu es un peuple rebelle.[2] »
Les méandres et les soubresauts de cette histoire de libération illustrent tous les obstacles et difficultés que l’humanité rencontre encore aujourd’hui pour s’affranchir de systèmes ayant conduits à la surexploitation des ressources, à l’oppression des pauvres et à l’asservissement de l’homme. Ces systèmes mis en place depuis des décennies continuent à être considérés par certains comme préférable au changement et à l’avènement d’un monde plus juste, plus équitable, plus solidaire, plus hospitalier.
L’évangile est précisément la délivrance et la victoire sur toutes les puissances de domination et d’oppression économique, sociale et politique. En incarnant cette bonne nouvelle de Jésus-Christ crucifié qui se donne lui-même, nous devenons « des gens du futur[3] ». Car Dieu vient habiter nos faiblesses et veut nous conduire encore aujourd’hui au-delà du Jourdain dans la terre promise de son royaume.
« Notre ressource la plus précieuse pour faire face au monde du 21e siècle, intrinsèquement instable et imprévisible, n’est pas l’information, mais les uns et les autres. »[4] Dieu appelle encore un peuple à sortir comme témoin d’une communauté humaine nouvelle, libérée des contingences d’un passé de servitude, vivant authentiquement les uns avec les autres.
[1] Expression de Greta Thunberg dans une interview pour le magazine Vogue Scandinavia
[2] Deutéronome 9, 7
[3] Marva J. Dawn, Ce Dieu qui habite nos faiblesses et nous libère des puissances dominatrices, Edition de la Talwogne, 2021
[4] Hugh Mackay, Turning Point : Australians Choosing Their Future, Pan Macmillan Australia, 1999