Un mal limité
Où est donc le chemin où demeure la lumière ? Et les ténèbres, où donc résident-elles, pour que tu puisses les saisir à leur limite et comprendre les sentiers de leur habitation ? (Job 38, 19-20)
La lumière et les ténèbres sont une représentation courante dans le Moyen-Orient ancien du bien et du mal. Elle se rapporte aussi à la première période de la création[1]. La cohabitation, dès le commencement, du mal et du bien est la grande énigme du livre de Job. Confronté à l’expérience du mal qui l’atteint jusque dans sa chair, Job prétend vouloir entrer en procès avec Dieu.
S’estimant victime d’un malheur injuste, Job conteste. Dans les chapitres 38 et 39 du livre, Dieu sort de son silence et répond. Il interroge Job avec les images du monde créé qui représentent différentes figures du mal (la mer, l’obscurité, l’abîme, l’orage, la grêle…).
Car si Dieu concède un temps au mal, à l’injustice et à la souffrance [2], s’il laisse faire, ce n’est que pour un temps. « Tu viendras jusqu’ici, tu n’iras pas au-delà. »[3] En effet, tout comme les méchants sont secoués par l’aurore, les ténèbres ne résistent pas à la lumière. Le mal a sa limite. Les forces de destruction n’agissent pas hors de portée de Dieu.
Comme au commencement de la création, l’ordre sort vainqueur du chaos. Et chaque lever du soleil est là pour nous le rappeler. Si Dieu accorde un temps à l’obscurité, ce temps est compté.
En renonçant vouloir être un « donneur de leçons » en face du Puissant, Job va découvrir un chemin de sagesse au travers de son malheur. « Je suis peu de chose »[4] affirmera-t-il. « Ainsi j’ai parlé, sans comprendre, de choses étonnantes qui me dépassent et que je ne connais pas. »[5]
Oui l’injustice existe mais la vraie victoire sur le mal, c’est le pardon réalisé à la croix du Christ. La résurrection témoigne du chemin nouveau où demeure la lumière !
[1] Genèse 1, 3-5
[2] Frédéric de Coninck, Sur les routes d’une sagesse nouvelle. Le livre de Job. Ed. Emmaüs, 1999, p. 67-68.
[3] Job 38, 11
[4] Job 40, 4
[5] Job 42, 3b